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Belle, belle, belle Normandie
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11 octobre 2007

Petite histoire du camembert

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Durant la seconde guerre mondiale, le camembert, comme bon nombre de produits agricoles, connaît une période de récession liée à un fort ralentissement des échanges. L'occupant pense même interdire purement et simplement la fabrication des fromages afin d'éviter tout gaspillage de matière grasse.

Le 14 juin 1944, un effroyable bombardement aérien détruit la majeure partie de l'agglomération vimonastérienne, massacrant plus de 200 civils.

Trois bombes s'abattent sur le halle. Le bâtiment s'enflamme puis s'effondre. La staute de Marie Harel reçoit les pierres du cintre de l'entrée et est décapitée.

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Quelques jours plus tard, la tête de la statue est retrouvée intacte au milieu des gravas. Elle est déposée au pied du monumemt. Elle reste là pendant plusieurs semaines, puis un jours...disparaît.

C'est à un architecte américain, Monsieur Bosworth, que Marie Harel doit l'exécution de sa seconde statue.

Le 29 avril 1949, suite à ses nombreuses interventions, la mairie de Vimoutiers reçoit une lettre en provenance des Etats-unis. Cette lettre est signée du Président de la " Borden's Cheese Company ", la plus gigantesque fromagerie du monde. Les employés de cette compagnie proposent de financer le remplacement de la statue décapitée. Monsieur Gavin, élu maire de Vimoutiers en 1945, s'empresse d'accepter l'offre de ces généreux américains.

Un nouveau jury est constitué dont fait partie le Docteur Boullard, conseiller municipal et président du Syndicat d'initiative de Vimoutiers.

Le choix se porte sur un artiste de Châtillon-Sous-Bagneux, Monsieur Maurice Lebeau. Avant de se mettre au travail, Monsieur Lebeau demande des renseignements sur le costume traditionnel des fermières en pays d'Auge au XVIIIe siècle.

Le docteur Boullard, à titre d'exemple, lui transmet une photographie, prise à l'occasion d'une fête locale, sur laquelle figure sa fille Nicole, costumée en paysanne. C'est à cause de cette image que Marie Harel va rajeunir d'une vingtaine d'années par rapport à la statue de 1928. L'ouvrage, en pierre de Vilhonneur, mesure deux mètres de hauteur. il est achevé en 1953, mais ne sera mis en place qu'en 1956. Entre temps, se déroule, ce que plus tard on appellera : " la guerre du fromage ".

Les commerçants se disputent l'héroïne locale. L'affaire prend des proportions que personnes n'avaient envisagées. Le conseil général se saisit du problème, puis la presse s'en donne à coeur joie. Le curé plaide en chaire. Les réunions se succèdent, ainsi que les pétitions. Des fromagers, réunis en congrès à Deauville, déclarent que Marie Harel n'est pas normande mais...briarde.

La guerre du fromage devient " la guerre des fromages ".

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De plus, le syndicat des fromagers normands ne peut admettre que la municipalité de Vimoutiers ait fait appel à des fromagers étrangers pour financer l'exécution de la nouvelle statue de Marie Harel, cette dernière personnifiant l'hommage rendu au seul véritable camembert de Normandie. Le désaccord devient profond quand le syndicat apprend que la société Borden exige que le socle de la statue porte l'inscription suivante : " A Marie harel, statue offerte par la fabrique de camembert de Borden ( Ohio )".

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Le mot " camembert " ne passe pas. les fromagers déclarent : " on ne fait du camembert, digne de ce nom, qu'en Normandie, et non aux U.S.A. ".

Pour mieux comprendre la réaction des fromages normands, il faut savoir qu'une loi américaine promulguée en 1951, interdit l'entrée aux Etats-Unis à tout produit laitier n'étant pas à base de lait pasteurisé.

Monsieur Maurice Lanquetot, fromager à orbec, a été l'un des prmiers à faire les frais de cette réglementation. Ses fromages ont été jetés à la mer, dès leur arrivée aux U.S.A. Les consommateurs américains, friands de camemberts normands, ont été obligés de se rabattre sur un produit local de remplacement : le " camembert cheese ". Puisque les dirigeants de la Borden n'acceptent pas de compromis sur le texte de l'inscription, le syndicat se dit alors prêt à porter l'affaire devant le tribunal international de la Haye.

Au moment où il perd courage, Monsieur Gavin reçoit une lettre des U.S.A. La Borden's Cheese Compagny accepte de modifier comme suit le texte de l'inscription : " Cette statue a été offerte par 400 hommes et femmes fabriquant du fromage à Van Wert ( Ohio ). L'entreprise Borden, produisant plus de deux millions de fromages par jour, fait amende honorable face à une poignée de fromagers déterminés.

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" La guerre du fromage est terminée " titre un journal local, mais certains fromagers normands demeurent offensés par l'existence même de la statue. Monsieur Gavin, connaissant leur rancoeur, décide de faire placer provisoirement la statue à l'intérieur de la halle au beurre et déclare au conseil municipal : " Là au moins, ils ne viendront pas nous la déboulonner".

Enfin le 4 octobre 1956, 30 ans après la venue du Docteur Knirim à Vimoutiers, a lieu l'inauguration de la nouvelle statue de Marie harel, placée à l'entrée de la halle au beurre. Les enfants des écoles chantent " l'hymne du camembert ". Au même moment, une cérémonie a lieu à l'Ohio pour l'inauguration de la statue originale de Marie Harel. Il s'agit de la maquette exécutée par Monsieur Ledeau pour le concours. Elle est placée à l'entrée de l'usine Borden dans une sorte de chasse.

Le lendemain, on peut lire dans la presse : " les américains ont découvert une sainte française : Mme Camembert ".

" Un américain voulait élever une statue à l'inventeur du camembert. Il ne faut jamais refuser ce que l'on vous offre ! Alors, on finit par dénicher une Marie Harel. On la statufie et tout le pays d'Auge rigole doucement ".

" Personne ne songe que l'on vient de consacrer un mythe, car telle est l'histoire de Marie Harel, qui n'a jamais inventé le camembert ".

Qu'en est-il au juste de cette stupéfiante histoire ? Marie Harel a-t-elle usurpé une gloire qu'en tout état de cause, elle n'a jamais convoitée de son vivant ?

le Docteur Boullard, ardent défenseur de Marie Harel pendant la guerre du fromage, devient l'un des principaux détracteurs de l'héroîne locale. Il fonde sa thèse sur plusieurs affirmations :

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1. La création du fromage de camembert est antérieure à la naissance de marie harel. Il est évident que Marie Harel n'a pas pu inventer un fromage dont il est fait mention dans des documents antérieurs à 1761. En effet dans le dictionnaire géographique de Thomas Corneille datant de 1708 d'après des données de 1702, on peut lire : Vismonstiers : bourg de France du diocèse de Lisieux. Le bourg est bien peuplé et est desservi par 20 prêtres. on y tient tous les lundis, un gros marché où l'on apporte les excellents fromages de Livarot et de Camembert. Ce bourg portait anciennement le nom de Vicus Monasterii. Le dictionnaire de Larmatinière, paru en 1741, reprend les mêmes indications. Le fromage de camembert est aussi mentionné par Jobey dans son " histoire d'Orbec" parue en 1760.

2. Marie Harel n'a jamais habité à Camembert. Dans le registre des délibérations du conseil général de camembert, on trouve cet extrait datant du 13 août 1792 : Monsieur Perrier est averti qu'au nom de la nation, de tenir un compte exact de la dîme de toutes les recettes dont il est susceptible envers Monsieur de Calmesnil, propriétaire de la ferme de beaumoussel où il est fermier. Dans un deuxième extrait est dressé la liste des exploitants avec le nombre de quintaux de foin qu'ils doivent fournir, pour une réquisition de 300 quintaux imposée à la commune. A l'époque révolutionnaire, Marie Harel n'habitait donc pas le manoir de Beaumoncel et aucun harel ne figurait sur la liste des exploitants agricoles de Camembert.

3. Sur l'état civil, entre 1792 et 1804, aucune naissance, aucun mariage, aucun décès au nom de Harel à Camembert. Sur la listes des habitants ayant participé à un pélerinage au Mont-Saint-Michel en 1772, aucun Harel. Dans ces conditions, comment croire à l'existence de Marie Harel ?
Fille légitime de Jacques Fontaine et de Marguerite Legendre, Marie Catherine Fontaine naît à Crouttes le 28 avril 1761. Elle est seconde de sept enfants. le 12 octobre 1782, Marguerite Legendre, épouse Fontaine, décède à camembert. le 27 janvier 1784, Jacques Fontaine épouse en secondes noces Charlotte Perrier, dont le père est fermier au manoir de Beaumoncel, à Camembert. De cette union naissent trois enfants à Camembert, où demeurent désormais les Fontaine. A Beaumoncel, Marie Fontaine, à l'âge de vingt trois ans, s'éprend de jacques Harel, un jeune laboureur au service de Monsieur Perrier. le 10 mai 1785, Jacques Harel épouse Marie Fontaine à Camembert. Le contrat de mariage, retrouvé dans les archives du notariat de Crouttes, indique le nombre de draps, de chemises, de culottes et de robes que Marie Fontaine apporte en dot. Jacques Harel habitait Roiville. C'est dans ce petit village que les jeunes époux s'installent. Fréquemment, Marie se rend à Beaumoncel où son époux travaille et où résident ses parents.
Le 12 juillet 1790, en pleine tourmente révoltionnaire, l'assemblée constituante vote la constitution civile du clergé. Plutôt que de prêter serment à la République, beaucoup de prêtres préfèrent fuir le pays. En Normandie, les deux principes ports, pour embarquer vers l'Angleterre, sont Granville et Honfleur. c'est ainsi que quelques prêtres sont amenés à traverser la région de Vimoutiers pour rejoindre Lisieux puis la côte.
    
Monsieur l'abbé Guibe, curé de Camembert, écrit dans un bulletin paroissial, en 1947 : " Pendant la période révolutionnaire, douze prêtres ont signé des actes que j'ai retrouvés. Parmi ceux-ci se trouve Charles-Jean Bonvoust, bénédictin, prieur de Rouxville. D'après les actes qu'il a signés, il a été caché à Camembert, au mois de juillet 1796 à février 1797.

D'après le récit de victor Paynel, petit-fils de Marie Harel, c'est ce prêtre qui, observant sa grand-mère fabriquer ses fromages, lui aurait enseigné une recette qu'il connaissait. Suite aux nombreuses recherches effectuées par Monsieur Gavin sur ce point, celui-ci affirme qu'en fait, ce religieux a donné à Marie Harel une recette de fromage qui permet la formation d'une croûte, le camembert étant auparavant un fromage " blanc ". Marie Harel a donc pu créer un nouveau mode de fabrication permettant de commercialiser ses fromages. Elle vend ses camemberts sur les marchés de Vimoutiers et d'Argentan. Elle reçoit de très nombreuses récompenses pour la qualité de ses fromages. Malgré les recherches effectuées depuis plus de quarante ans, on ignore toujours où et quant mourut Marie Fontaine-Harel. La seule indication existant, mais qui n'a pu être vérifiée est une lettre de Monsieur Fontaine-Blanchon qui précise : " Madame Harel-Paynel a su accentuer la commercialisation des fromages de Camembert en constituant la méthode que sa mère, Marie Fontaine-Harel avait mise au point et lui avait léguée en travaillant avec elle jusqu'à son décès à Champosoult en 1818 ". le 29 décembre 1787, Marie Fontaine-Harel donne naissance, à Roiville, à une petite fille qu'elle prénomme Marie. Quand cette dernière, en 1813, épouse Thomas Paynel de Champosoult, elle reprend la fabrication du fromage suivant la recette de sa mère et peu à peu en fait un important commerce. Etablis à la ferme du château, puis dans une maison qu'ils font construire à champosoult, Thomas et marie Paynel ont quatre enfants :

Philippe, né le 5 décembre 1817
Cyrille, né le 9 juillet 1819
Julie, née le 19 juillet 1820
Victor, né le 14 avril 1822.
C'est Thomas Paynel qui introduit les camemberts dans la consommation de la ville de Caen. En 1813, le camembert reçoit le titre de " Citadin de la ville de Caen ".

Marie Harel-Paynel meurt à Champosoult le 15 mai 1855. Elle est à l'origine de quatres maisons qui vont faire progresser, de façon considérable, la fabrication des camemberts.

Paynel Ainé ( Philippe ) à Camembert, puis à Coupesarte et à Grandchamp.
Paynel Cyrille au Mesnil-Mauger.
Paynel Julie, épouse Lebret, à Mézidon
Paynel Victor, à Champosoult.
C'est Victor qui a l'honneur d'être reçu aux tuileries par napoléon III, à la demande de l'Empereur lui-même.

Désirant assister aux courses du Haras du Pin, Napoléon III part de Saint-Cloud le 8 août 1863, par le train et arrive à Argentan dans la soirée. Il passe la nuit à la sous-préfecture et arrive le lendemain de bonne heure au Haras du Pin. Le lundi, il rencontre Victor Paynel à Surdon et goûte l'un de ces camemberts. L'Empereur le trouve très bon et demande une livraison aux Tuileries. Cela m'a couté très cher, explique Victor Paynel, mais ensuite je n'arrivais plus à satisfaire la demande.

Quand Victor Paynel ouvre un dépot à Paris, il est précisé sur le papier à en-tête :

" A la ville d'Isigny - beurre, oeufs, fromages ; Seul dépositaire des fromages de Victor Paynel

Fournisseur de sa Majesté l'Empereur." Victore Paynel décède le 23 juillet 1893. Depuis 1880, grâce à la découverte de Pasteur, le camembert est entré dans sa phase industrielle.
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Commentaires
S
Ce doit sûrement être le fromage le plus célèbre du monde entier! Suzanne
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