Chateau Gaillard
LE DEFI DU ROI RICHARD
Surplombant la Seine d'une centaine de mètres,40 kms en amont de Rouen, aux Andelys,Château-Gaillard témoigne encore du formidable affrontement entre Richard Coeur de Lion, duc de Normandie, roi d'Angleterre,
et Philippe Auguste, roi de France.
Construit en un an, entre 1197 et 1198, afin de protéger Rouen et le duché normand de l'appétit de Philippe, il ne devait pas survivre à Richard, tombé devant Châlus en 1199, dans un conflit l'opposant à son vassal,
le vicomte de Limoges.
Le siège de la forteresse par Philippe Auguste dès l'hiver 1203, et sa chute en 1204, livra finalement la Normandie au roi de France.
Château-Gaillard fut démantelé 400 ans plus tard, sous le règne d'Henri IV.
L'essentiel du site occupe un piton rocheux dominant la Seine d'environ 100 mètres, et se compose d'un ouvrage avancé, ou châtelet, et d'un château protégé par deux enceintes .
Le châtelet, de forme triangulaire, débute par une grosse tour, faisant face au seul point d'accès praticable du rocher, et défendant ainsi l'ensemble de la forteresse. Il devait être relié à la première enceinte du château par un pont de bois relevable, franchissant un fossé séparant les deux constructions.
La première enceinte, presque entièrement détruite aujourd'hui, abritait notamment un puits et une chapelle, dont on peut voir encore les fondations, ainsi que des celliers taillés dans la craie, accessibles par le fossé intérieur.
La deuxième enceinte, comprenant le donjon et les quartiers du gouverneur, se distingue par un relief bosselé dans son plus grand développement, permettant des tirs croisés sur l'assaillant. Elle était commandée par un pont-levis, et flanquée d'un bastion la prolongeant au Nord-Ouest.
Le donjon, aux murs épais de près de 5 mètres, était couronné par des mâchicoulis en pierre, reposant sur des assises en fuseau, adroitement combinées avec le port conique de la tour. Les niveaux communiquaient entre eux par des escaliers de bois.
Les quartiers du gouverneur
Les quartiers du gouverneur sont édifiés sur deux niveaux, et éclairés par de larges fenêtres à banquettes donnant sur la Seine, ce qui peut surprendre au sein d'une place forte, mais qui s'explique ici par le fait que la muraille longe le précipice par lequel un assaut était impossible.
Malgré les documents et les divers témoignages ou interprétations qui décrivent la forteresse du roi Richard, un point important reste cependant obscur.
* En effet, le récit pittoresque de la prise du château grâce à l'accès fortuit des latrines d'icelui* a de quoi laisser rêveur, quand on s'extasiait deux minutes plus tôt sur le génie qui a présidé à la conception de l'ensemble fortifié.
Comment imaginer que l'on puisse percer une muraille défensive d'une fenêtre facilement accessible, et suffisamment large pour le passage d'un homme, après s'être ingénié à renforcer un ouvrage résolument moderne pour son temps, constitué par endroits d'une épaisseur de mur respectable ? Surtout à une époque où l'on avait l'habitude de se soulager allègrement depuis le haut des remparts, et, au besoin, sur la tête de l'assaillant...
*L'histoire voudrait qu'après la prise du châtelet, un petit groupe d'hommes se soit introduit dans la première enceinte par une fenêtre de latrines, au nez, si l'on peut dire, des défenseurs, pour ouvrir les portes à l'armée de Philippe Auguste, et précipiter ainsi la chute de Château-Gaillard.
la philippide
A l'extrémité de la Roche et dans la direction de l'est était une tour élevée, flanquée des deux côtés par un mur qui se terminait par un angle saillant, au point de sa jonction. Cette muraille se prolongeait sur une double ligne depuis le plus grand des ouvrages avancés et enveloppait les deux flancs de l'ouvrage le moins élevé. Or voici par quel coup de vigueur nos gens parvinrent à se rendre d'abord maîtres de cette tour. Lorsqu'ils virent le fossé à peu près comblé, ils y établirent leurs échelles et y descendirent promptement. Impatiens de tout retard, ils transportèrent alors leurs échelles vers l'autre bord du fossé, au-dessus duquel se trouvait la tour fondée sur le roc. Mais nulle échelle, quoiqu'elles fussent assez longues, ne se trouva suffisante pour atteindre au pied de la muraille, non plus qu'au sommet du rocher, d'où partait le pied de la tour. Remplis d'audace, nos gens se mirent alors à percer dans le roc avec leurs poignards ou leurs épées, pour y faire des trous où ils pussent poser leurs pieds et leurs mains, et se glissant ainsi le long des aspérités du rocher, ils se trouvèrent tout-à-coup arrivés au point où commençaient les fondations de la tour. Là, tendant les mains à ceux de leurs compagnons qui se traînaient sur leurs traces, ils les appellent à participer à leur entreprise ; et, employant des moyens qui leur sont connus, ils travaillent alors à miner les flancs et les fondations de la tour, se couvrant toujours de leurs boucliers, de peur que les traits lancés sur eux sans relâche ne les forcent à reculer, et se mettant ainsi à l'abri, jusqu'à ce qu'il leur soit possible de se cacher dans les entrailles même de la muraille, après avoir creusé en dessous.
lien vers l'album: http://nanienormandie.canalblog.com/albums/chateau_gaillard/index.html
Nanie