Les énervés de Jumièges
Légende Normande
Vers 660, Clovis II aurait entrepris un pèlerinage en Terre sainte. Durant son absence, il
confie le gouvernement à son fils aîné, sous la régence de sa mère, Bathilde. Mais durant
cette période, son fils s'oppose à sa mère, et se joint à l'un de ses frères cadets pour
comploter contre le roi et la reine. Clovis apprend cette révolte et rentre en France. Ses
fils lui opposent une armée, mais le roi finit par triompher des rebelles.
Le roi est bien décidé à faire exécuter les deux traîtres. Mais sa femme Bathilde propose
plutôt de les punir en brûlant les nerfs de leurs jambes : « Je juge que doivent être
affaiblies la force et la puissance de leur corps, puisqu'ils ont osé les employer contre le
roi leur père ». Ainsi, il faut comprendre le terme « énervé » à l'inverse de sa
signification moderne, son sens premier désignant quelqu'un dont on a enlevé ou coupé les
nerfs (en fait les tendons), et qui est donc apathique, incapable de réaction.
Devenus faibles et handicapés, les deux frères se réfugient dans la prière, et demandent à
entrer en religion. Ne sachant dans quel monastère les placer, Bathilde décide de les confier
au hasard et fait construire un radeau à bord duquel les deux frères sont envoyés à la dérive
sur la Seine.
Le bateau dérive de Paris jusqu'à Jumièges, près de Rouen. Là, saint Philibert, le fondateur
de l'abbaye de Jumièges, les voit et reconnaît leurs habits royaux. Il les recueille et les
conduit à l'abbaye où ils deviennent moines. Plus tard, le roi et la reine, apprenant où
leurs fils ont été recueillis, rendent visite à l'abbaye et font agrandir le monastère et
léguer des terres aux moines.
Il est historiquement démontré que cette légende est totalement fausse. En effet, Clovis II
est mort jeune, ses fils n'auraient donc jamais eu l'âge de se dresser contre lui. De plus,
il n'est jamais parti en pèlerinage en Terre Sainte. Ses trois fils, Clotaire, Childéric et
Thierry ont régné tour à tour, et aucun n'était un moine « énervé ».
Au XVIIe siècle, le moine Jean Mabillon, donna une autre version de cette légende en disant
qu'il s'agissait du Duc de Bavière Tassilon et son fils Théodon, punis de s'être révoltés
contre le pouvoir de Charlemagne. Cette légende arrangeait bien les moines qui montraient
ainsi l'origine royale des biens dont la propriété leur était contestée.
Pour en savoir plus, je vous conseille le livre de Jean-Pierre Collignon, Curiosités et énigmes de l'Histoire de France, ainsi que ce site. http://jumieges.free.fr/enerves.htm
Sculpture funéraire des deux énervés à l'abbaye de Jumièges… bien que la rebellion de ces deux frères n'ait jamais existé et soit une légende !
Les énervés de Jumièges
Claude DUTY
1986 - 20' - 465 m - 35 mm Couleur - sans commentaire ni dialogue
Ce film est un itinéraire onirique sur la Seine devenue fleuve mythique...
C'est aussi et surtout la "création" d'un monde primitif et lointain, à partir du célèbre tableau "Les Énervés de Jumièges".
La qualité de l'image ni est pas, mais je pense qu'il est interessant de le poster tout de même
Évariste-Vital Luminais
Charles-Evariste-Vital Luminais (1821-1890) photographié en 1870
Peintre de Salon, classé trop rapidement parmi les peintres académiques5, Luminais pratique
aussi bien la peinture de genre que la peinture d'Histoire.
Les Énervés de Jumièges
Une des œuvres les plus réputées de ce peintre est Les Énervés de Jumièges6 de 1880, dont
l'artiste fit deux tableaux (Rouen, Sydney) après avoir réalisé plusieurs études. L'œuvre
s'inspire d'un récit apocryphe qui raconte le supplice infligé au VIIe siècle par le roi
mérovingien Clovis II à deux de ses fils révoltés. Ce tableau, porteur d’un symbolisme
étrange, a tour à tour fasciné et dérangé les spectateurs. Selon la légende, les fils
rebelles furent punis à la suggestion de leur mère qui conseilla de leur faire couper les
tendons des jambes puis de les remettre à la grâce de Dieu, les laissant dériver sur un
radeau au fil de la Seine. Ils auraient été secourus par les moines de l'abbaye bénédictine
de Jumièges et se seraient réconciliés plus tard avec leurs parents. Cette peinture est
considérée comme le chef-d'œuvre de Luminais et a fait sensation au Salon de 1880.
Première pensée pour les Énervés de Jumièges (vers 1880)
Seconde composition des énervés de Jumièges
Les Fils de Clovis II (vers 1880), huile sur toile, (Galerie d'art de la Nouvelle-Galles du Sud.
Les Énervés de Jumièges (1880), Évariste-Vital Luminais
Musées des Beaux Arts de Rouen
Les " on dit"
I Clovis et ses fils
On dit que ce serait ici que Clovis ,en retour de Terre Sainte, envoya ses fils qui, restés avec leur mère, se seraient montrés fortement méchants avec elle. Quand Clovis apprit cela à son retour, il les fit "énerver" (c'est à dire retirer les nefs des pieds de façon ici à ne plus pouvoir nager), puis les auraient envoyés aux moines de Jumièges, et c'est à l'abbaye qu'ils purgèrent leur pénitence, sous la sévère autorité religieuse (comme pour beaucoup de légendes, il en existe plusieurs versions
II Saint Philibert
Il se murmurait aussi qu'un trésor aurait été enfoui sous un vieil if à proximité du cloître. Il s'agirait d'une statue en or représentant St Philibert.
III Agnes Sorel
Une autre légende raconte que le coeur d'Agnès Sorel - favorite du roi de France Charles VII - aurait été entreposé à l'abbaye