Le Pays de Caux
Le pays de Caux est un vaste plateau faiblement ondulé, entrecoupé de vallées encaissées, bordé au nord-ouest par un littoral de falaises dont la hauteur avoisine les 100 m et au sud par la vallée de la Seine. Ses autres limites sont beaucoup plus floues.
Le Grand Caux s’étend à l’est jusqu’à la vallée de la Varenne, prolongée au sud par celles du Cailly et de la Clérette.
Au nord-est, au sud-est et au sud de ces limites, il se prolonge des "pays satellites" : le Petit Caux, l’Entre-Caux-et-Vexin, le pays de Lyons et le Roumois.
"Forteresses" de verdure
Quand on évoque la cour-masure (ou clos-masure), élément paysager typique du pays de Caux, on pense immanquablement aux "forteresses de verdure" délimitées par le rectangle d’un "fossé" (en réalité un talus) planté d’un rideau de grands arbres. Il y a également des "cours" plus modestes, de formes variées, entourées de haies plus ou moins bien conservées, formant de petits hameaux.
Sans équivalent dans le monde, et considérées comme de véritables "marqueurs paysagers" du Grand Caux, les grandes cours-masures rectangulaires sont paradoxalement d’une modernité confondante. Pour la plupart, elles apparaissent postérieurement à la fin du XVIIIe siècle, entre le règne de Louis-Philippe et le Second Empire. Elles s’établissent au milieu de la plaine ou, plus souvent, en lieu et place des petites cours-masures groupées. Les anciennes haies, d’essences diverses et non systématiquement plantées sur un "fossé", sont alors arrachées. L’ensemble forme un habitat dispersé.
Vue aérienne d'une cour-masure.Une situation florissante
La nouvelle cour est délimitée par un talus planté quasi exclusivement de hêtres. Elle conserve certains bâtiments – généralement en colombages –, mais en reçoit de nouveaux, adaptés à la conjoncture du moment, comme des étables ou des granges plus vastes, faites de briques et de silex. Si un manoir n’existe pas déjà, le fermier se fait construire une imposante maison de maître. Cette cour-masure remaniée témoigne, en effet, de l’évolution sociale des propriétaires – souvent des bourgeois des villes enrichis par l’essor du textile –, qui détiennent 80 % des fermes du pays de Caux et investissent dans leur modernisation. Et la "simplification" du bocage originel n’est que la conséquence d’une situation économique florissante dans un secteur du pays de Caux, se traduisant par une rationalisation de l’espace agricole.
Ce qu’il y a de plus ancien, dans le paysage cauchois, ce sont les nombreuses petites cours occupées par des bâtiments modestes et représentatives de la disparité des exploitations agricoles apparue au XIXe siècle. Elles sont restées majoritaires dans les pays situés en marge du Grand Caux, les plus éloignés de la diffusion d’un nouveau modèle fondé sur l’exploitation des terres les plus fertiles
On remarque que tous les bâtiments sont séparés les uns des autres et tout particulièrement le four à pain qui est totalement isolé. La raison en est simple : il faut réduire au maximum le risque d'incendie. Le talus planté de hêtres a pour objectif de se protéger du vent, mais il fournit aussi du bois. La superficie est généralement de l'ordre de un hectare et parfois plus.
Le clos-masure est en fait la structure typique de la ferme du Pays de Caux. La Ferme du Moulin, située à Beuzeville-la-Grenier, en est l'exemple-type.
Grossièrement, le clos-masure se présente sous la forme d'un rectangle. Il est délimité par des talus d'environ 1,5 mètres de haut, plantés d'arbres, dans le cas de notre Ferme du Moulin, il s'agit soit de chênes, soit de hêtres voire même de quelques châtaigniers.
Devant la maison, on retrouve donc une grande cour, d'environ un hectare, plantée de pommiers pour la fabrication du cidre et de poiriers de Caux, pour la réalisation des douillons, spécialité du Pays de Caux.
Le reste du clos-masure est occupé par les animaux de la ferme et par les bâtiments qui s'y rapportent : poulailler, étables, stabulation...
Ces différentes constructions sont caractéristiques du lieu, non seulement en raison de leur forme mais également en raison de leurs matériaux de construction, notamment la marne. En effet, les marnières représentent en quelque sorte l'inconnue du Pays de Caux car on ignore tout de leur localisation.
Au-delà de ce clos-masure, se retrouvent les champs où poussent les cultures céréalières et fourragères, mais également là où vont paître les vaches, importants producteurs du lait qui est un élément essentiel dans l'industrie agro-alimentaire mais aussi tout simplement dans la consommation de la ferme elle-même.